Princesse Mina de la nation déchue

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La paix dura treize ans avant que l’ère des nations en guerre ne débute.
Les nations au Nord, les plus éloignées de l’épicentre, furent finalement entrainées dans la guerre.
Comme lors de toutes les guerres, après un conflit féroce qui semblait sans fin, l’un des camps belligérants fut finalement vaincu et ses terres réduites en cendres. La famille du seigneur vaincu et le reste de ses vassaux finirent par fuir dans les montagnes.
Tout était banal jusque-là.

Cependant, un guerrier errant joliment vêtu fit son apparition dans cette intrigue digne d’une fiction historique.
À vrai dire…
Il portait des vêtements de femme.
Aux côtés du guerrier se tenait une femme menue vêtue d’une veste ornée de plumes beaucoup trop grande pour elle.
En tout cas, ces deux-là avaient l’air de personnages bien louches aux yeux de tous.
Néanmoins, ils ne semblaient pas en prendre conscience et continuèrent leur route jusqu’à la passe au pied de la montagne.
Sans grande surprise, les soldats en poste les arrêtèrent.
« Qui êtes-vous ?! »
C’était une phrase banale, mais également une question honnête dans ce cas.
« Comme vous pouvez le voir, nous ne sommes que des gens ordinaires. »
Cette réponse était loin d’être convaincante.
Malgré cela, le ton ferme du guerrier prit les soldats au dépourvu.
« Vous allez nous suivre quand même. »
« Je ne crois pas… »
Le guerrier fit mine d’être déçu, et les trois soldats tombèrent soudainement à terre.
« Tu avais tout prévu depuis le début, n’est-ce pas ? Espèce de sale brute. »
Ces mots furent prononcés par la femme qui se tenait derrière lui.

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« Ce n’est pas cela. »
Ces mots se firent soudainement entendre.
Nos deux compagnons se trouvaient à présent dans un sanctuaire au beau milieu de la montagne. Assise près d’un feu, le visage de la princesse à la chevelure de jais brillait à la lumière des flammes chatoyantes.
« Comment ça, ce n’est pas ça ? »
La réponse vint, presque comme un réflexe conditionné.
« Ce que je veux dire par là, imbécile de samouraï, c’est que ça ne vous fait rien d’être accompagné de la princesse qui apporte la destruction ? »
« Si cela ne me fait rien ? Quel sacré personnage. »
« Vous ne comprenez pas. » La voix de la princesse Mina était empreinte de frustration. « Je veux dire par rapport au fait que vous m’ayez sauvée… »
« Une telle chose ne s’est pas produite. »
Corrigea le samouraï.
« C’est vous qui m’avez ordonné de vous sauver à ce moment-là. En toute logique, vous vous êtes sauvée toute seule. »
« Est-ce donc tout ce qui vous importe en tant que samouraï ? »
Une réponse attendue.
Le samouraï tentait en réalité de fuir ses responsabilités.

« Cette histoire de princesse qui apporte la destruction n’est qu’une excuse pour faire la guerre, vous ne trouvez pas ? »
Le ton qu’il employa était moins détaché.
« De plus… »
Le guerrier se tourna, ses yeux vides reflétant la lueur des flammes.
« La destruction du monde est un concept absolument idiot, vous vous en rendrez compte assez vite. »

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Bien que les champs de bataille soient souvent assimilés à l’enfer, ce n’est qu’une métaphore pour en illustrer la réalité.
Ce qui se dressa devant leurs yeux pouvait réellement être qualifié d’enfer.
Des terres désertées, des arbres flétris et des montagnes de cadavres…
Comme si la vie en avait été drainée.
« En fait… »
Le guerrier ramassa une feuille morte qui se décomposa immédiatement dans sa main.
« Il n’y a plus d’énergie vitale sur ces terres. Elle leur a été volée. »

La capitale était ravagée par la guerre depuis maintenant plus d’un siècle.
Au bout de la dixième année de conflit, les nations belligérantes avaient épuisé l’intégralité de leurs réserves et richesses.
La malédiction de Nakura était ce qui leur permettaient de continuer le combat.
La malédiction de Nakura est une magie qui drainait l’énergie vitale de tous les êtres vivants et de l’environnement pour renforcer la puissance des guerriers.
Ceux qui avaient recours à cette magie vicieuse pour dominer les terres étaient connus sous le nom de Nakura Daimyo.
Les Daimyo rivalisaient pour la domination, mais peu importe qui sortait vainqueur, la terre serait davantage drainée de sa force vitale.
Telle était la réalité du conflit presque centenaire.
« Cette malédiction a été créée par les onmyoji résidant dans la Tour du vide qui se trouve au centre du monde. »

Ignorant la princesse Mina, qui vacillait en raison de ce qu’elle avait devant les yeux, le samouraï continua,
« Vous dites être la princesse qui apporte la destruction à ce monde… mais n’est-il pas déjà en train de se détruire sans votre intervention ? »

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La nation de Kogami n’était plus qu’une terre sans vie à perte de vue.
Les champs désertiques s’étendaient à l’horizon autour d’une grande dune de sable où deux samouraïs se faisaient face.
Le premier était notre protagoniste que l’on nommera le samouraï vert par souci de différenciation.
Le second était un nouveau venu dans l’histoire. Nous l’appellerons le samouraï pâle.
S’il s’agissait d’un roman de cape et d’épée, ils seraient tous les deux déjà prêts pour l’affrontement. Mais ils n’étaient pas là pour se battre. Ils se faisaient tout simplement face.

« Tu reviens de l’enfer, pas vrai ? »
Le pâle samouraï lui dit, après un long silence.
« Nostalgique, n’est-ce pas ? »
Le samouraï vert paraissait heureux.
« Ce genre de choses ne me rend pas nostalgique »,
interrompit grossièrement le samouraï pâle.
Le samouraï vert ferma ses yeux, comme s’il se plongeait dans les abîmes du passé.

« Nous étions bien naïfs de penser que vaincre les seigneurs maléfiques mettrait un terme à tout ceci. Ce n’était que le début du cauchemar.
Les treize samouraïs se sont unis pour vaincre le Nakura Daimyo qui détruisait cette nation.
Mais Kogami n’a pas repris vie une fois le Daimyo vaincu, la force vitale de ses terres a continué à s’épuiser.
Mais ce n’est pas tout. Ce pays dépourvu de dirigeant est devenu un paradis pour les pilleurs.
Les héros qui étaient venus à bout du seigneur démoniaque n’ont pas réussi à protéger ces terres en fin de compte.
Et au final, seulement d’eux d’entre eux en ont réchappé. »
« Hé, ça suffit avec les souvenirs. On a des affaires à régler ! »

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« Je veux sauver ce monde ! »
Dit la princesse Mina.
« Je te l’ai déjà répété. C’est impossible de sauver ce monde. Des idiots comme moi ont pourtant bien essayé. Il est condamné. »
« Je m’en fiche. Je suis une princesse. Les princesses ne viennent-elles pas au monde pour sauver le monde ?
– Non, je n’ai jamais entendu parler de ça. Et puis aux dernières nouvelles, vous êtes la princesse supposée apporter la destruction.
– Aux dernières nouvelles, quelqu’un a dit que la destruction était en réalité une renaissance.
– Je ne sais pas d’où vous la tenez celle-là, mais ce genre de croyances est dépassée. Si vous écriviez ce genre de non-sens aujourd’hui, on le jetterait à la nation de Tokyo, et ce serait pour le mieux. »
(La princesse se couvrit les oreilles)

Au sommet de la Tour du vide, le samouraï et la princesse continuaient leur conversation insensée, comme si personne ne les observait.
En réalité, il y avait un certain nombre de personnes vêtues de la tenue des onmyoji.
« Donc, comme vous le savez sûrement déjà tous, la malédiction de Nakura fut créée à l’origine pour préserver la force vitale d’un monde progressivement en déclin. »
Comme s’il lui était impossible de supporter cette conversation, mais aussi pour permettre à l’histoire d’avancer grâce à son rôle de personnage secondaire, le plus âgé des onmyoji prit la parole.
« Et que ceux qui peuvent utiliser cette force vitale… »

« Pourriez-vous donc vous sortir ces idées de la tête ? »
Le samouraï semblait ne pas avoir entendu l’onmyoji tout rabougri.
Combien de temps cette farce allait-elle encore durer ?

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« Et donc, est-ce que ce monde a été sauvé ? »
À la fin de l’histoire, le samouraï marche dans un désert sans limite.
Les plans de la Tour du vide ont probablement porté leurs fruits, et les forces vitales du monde ont été totalement englouties.
Il est impossible de savoir si un nouveau monde a été créé, mais celui-ci était certainement voué à sa perte.
Que pouvait-on attendre d’autre de la part d’une princesse destinée à la destruction du monde ?
« Autant en détruire un autre… S’il en existe. »
Et c’est ainsi que le samouraï entreprit un nouveau voyage.



(Le reste du livre contient des informations sur le cadre de l’histoire. Il comprend une grande partie sur les divers seigneurs maléfiques et autres créatures monstrueuses qui n’apparaissent pas dans le récit principal.)

Mise en page : Deathmortus

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