Fin 2020, les français de chez The Game Bakers nous proposent un concept très particulier et unique : Haven. Un jeu que j’attendais tout particulièrement depuis son annonce, il y a maintenant 2 ans, et que j’ai enfin pu compléter parallèlement à sa sortie sur de nouveaux supports. Je vous présente ainsi mon avis, le tout sans spoiler !
Présentation du jeu

Genre : RPG ?
Développeur : The Game Bakers
Éditeur : The Game Bakers
Plateformes : PC, PS4, PS5, One, Series X|S, Switch
Testé sur : PC (via Xbox Game Pass)
DRM : Steam, Epic, Microsoft Store
Date de sortie : 2 décembre 2020
Trailer
Haven, qu'est-ce que c'est ?

La Source du bonheur...
Haven est divisé en plusieurs phases de gameplay. Lorsqu’il fait jour, vous pouvez librement parcourir les différents fragments de Source à l’aide des bottes à onde. Ces bottes permettent de nettoyer les îlots de la planète de la rouille qui s’est installée, mais également de se déplacer à grande vitesse, et de suivre et planer dans les courants d’onde. Globalement, vous gardez la gâchette enfoncée tout au long de l’exploration pour exploiter ces bottes, la marche normale étant beaucoup trop lente pour se déplacer.
Lors de l’exploration, des monstres peuvent être combattus et pacifiés, après les avoir affaiblis. Pour cela, il faut choisir d’utiliser un impact (attaque au corps à corps) ou un blast (attaque à distance), chacune des attaques étant efficaces sur certains types d’ennemis et inefficaces sur d’autres. Le système de combat repose sur la synchronisation des actions dans le duo, ce qui donne la possibilité de faire des attaques plus puissantes, ou en faisant en sorte que l’un des personnages protège l’autre pendant qu’il attaque.

L’exploration de Source permet également de récolter des fruits et des plantes qui servent à la fabrication, mais également à récupérer de l’équipement nécessaire à la réparation du Nid, abîmé par l’atterrissage, très tôt dans le jeu. Ainsi, l’exploration est libre, et parfois même optionnelle, à condition d’avoir suffisamment progressé dans l’histoire pour débloquer certaines mécaniques. La carte, une fois débloquée, renseigne ce qui a été fait et ce qu’il reste à faire dans chaque secteur. Un objectif, optionnel pour compléter le jeu, est de nettoyer la rouille présente sur chaque îlot : pour cela, il suffit de passer sur toutes les zones rouges et d’éliminer les monstres laissant des traînées au sol. Vous récupérez ainsi différents types de rouille utilisables en tant qu’ingrédient de fabrication, mais aussi l’accès à un système de voyage rapide si la zone est nettoyée.

En dehors de l’exploration, le Nid est un centre d’interactions, avec différents éléments déjà présents dans le vaisseau, ou d’autres récupérés au fil de l’aventure, habillant les lieux et débloquant de nouvelles possibilités. Les personnages sont présents dans l’environnement, avec la possibilité de les observer se câliner sur le canapé, ou chacun dans leur coin, Yu régulièrement dans la salle de bain pendant que Kay est affalé sur le lit. La cuisine permet de préparer différents plats à l’aide des ingrédients récupérés sur la planète, chaque nouvelle recette déclenchant une séquence dans laquelle les personnages y réagissent. Outre la cuisine, l’artisanat contient le jardinage, la synthèse d’objets de soin et la confection de capsules d’amélioration pour les combats. Le Nid renferme aussi et surtout la plus grosse partie de ce qui fait l’essence du jeu : l’interaction entre les personnages.
Avec le couple au centre de tout, le jeu fait la part belle aux cut-scenes pour connaître rapidement les personnages. Nous découvrons ainsi rapidement comment leur couple fonctionne, quel est le caractère de chacun et ce qu’ils pensent l’un de l’autre. Les situations sont, pour la plupart, relativement classiques, mais c’est ce qui permet de s’identifier et de s’approprier les personnages avec aisance. Dans une scène, le fameux cas des pieds froids dans le lit. Dans une autre, le moment de nostalgie de ne plus jamais revoir ses proches. Dans la suivante, la lecture d’une fiction érotique. L’écriture fait en sorte que les interactions, presque banales, soient cohérentes avec le contexte général, ce qui fait que les situations et pointes d’humour font mouche. Le sexe est abordé à nombreuses reprises, plus ou moins subtilement (y compris dans les écrans de chargement), sans que ce ne soit trop lourd, en appuyant régulièrement sur la liberté du couple sur la planète déserte.
À de nombreuses reprises, on peut observer diverses animations et interactions pouvant avoir des effets sur le gameplay. Typiquement, certains dialogues vont proposer plusieurs choix de réponses, augmentant ou non une jauge de lien. Lorsque cette jauge est pleine, une cut-scene est débloquée, et de la même manière qu’une barre d’expérience, les personnages vont gagner un niveau, pour être plus efficaces en combat. Cela peut également être plus subtil : en étant hors combat, et lorsqu’un personnage a moins de points de vie que l’autre, rester immobile quelques secondes va les faire s’embrasser. Cette simple interaction permet d’obtenir un soin, faisant en sorte que le personnage qui a le moins de vie s’aligne sur celui qui en a le plus. Cela peut sembler être un détail, mais ce genre de petites touches font en sorte de favoriser la positivité au sein du jeu.

... Mais une Source de problèmes
Haven est un jeu que j’attendais depuis un moment, et que j’ai beaucoup apprécié, même si quelques points m’ont parfois frustré. J’ai pu compléter Haven à 100% en un peu moins de 15 heures de jeu, les 4 premières heures ayant été faites en coopération avec ma compagne, après quoi, elle n’a plus vraiment voulu y toucher.
Plusieurs points sont à soulever. Le premier étant que ce n’est pas un jeu pour tout le monde. C’est quelque chose que nous pouvons dire de n’importe quel jeu, mais c’est encore plus vrai pour Haven. Des jeux comme Animal Crossing ou Stardew Valley ont tendance à jouer sur la détente à travers une boucle de gameplay extrêmement simple. Ici, Haven a puisé dans le RPG et propose notamment un système de combat pas forcément accessible à tous.
Le second point est que de nombreux aspects manquent de finition. En combat, il arrive souvent qu’une attaque ne se déclenche pas alors que rien ne l’explique, ce qui peut générer beaucoup de frustration pour des combats basés sur des timings assez courts. Même chose pour les déplacements, qui demandent une certaine maîtrise, et malgré ça, le nombre de demi-tours accidentels est très fréquent et frustrant. Côté exploration, les îlots sont reliés par des ponts d’onde, mais l’absence de boussole fait qu’il est compliqué connaître sa direction. Le passage d’un îlot à un autre demandant un temps de chargement, se repérer coûte deux transitions superflues en cas d’erreur.
Les menus d’options peuvent également se montrer incomplets. Les contrôles au clavier sont par défaut en QWERTY, et il n’est pas possible de les passer en AZERTY complètement, car toutes les touches ne sont pas présentes dans le menu. Nous découvrons rapidement une fonction d’avance rapide en combats et dialogues grâce à ça, qui n’est mentionnée nulle part ailleurs et qui peut causer quelques problèmes si vous n’avez pas de manette sous la main.
Le troisième est dernier point est un manque d’intérêt sur différents fronts. Étant donné que l’exploration est libre, certaines mécaniques peuvent être ignorées complètement durant une partie, ce qui m’a interpellé quand j’ai atteint la fin. La progression, de fait, semble ne jamais décoller vraiment. Au bout de quelques heures, il est compliqué de savoir ce qui est nécessaire et utile ou non parmi tout ce que le jeu propose. De même, la coopération est très peu exploitée, ce qui est dommage au vu du concept.
Du côté de l’histoire, j’en aurais voulu plus. Le scénario met du temps à évoluer, ce qui fait qu’arrivé à la fin, j’avais l’impression d’avoir encore plusieurs heures de jeu devant moi. L’attachement aux personnages est là, mais… un peu frustré que ça s’arrête aussi vite.
Conclusion
The Game Bakers a rempli sa promesse de proposer un jeu positif, rafraîchissant et unique. On ne trouve pas facilement ce genre de jeux dans le commerce, donc il est franchement le bienvenu. Haven est une sorte d’OVNI vidéoludique qui va rendre ma conclusion très paradoxale. De mon côté, passé les faiblesses et points de frustration durant l’aventure, j’ai adoré l’expérience. Pour quiconque cherche un jeu très atypique, je ne peux que le conseiller même s’il ne plaira pas forcément. Pour les autres, je saurais difficilement le recommander, même si je vous conseille de l’essayer malgré tout.
Les plus
- Un concept unique
- Une ambiance cohérente et soignée
- Un univers prenant
- Des personnages très attachants
- Un thème atypique et bien exploité
- La pléthore d’interactions possibles et de scènes à débloquer
Les moins
- Le manque de finitions et les frustrations engendrées
- Manque d’intérêt de certaines mécaniques
- Coopération anecdotique
- On aurait aimé plus (même si la durée de vie est correcte)
- Pas pour tout le monde (encore moins que d’habitude)
Rédaction : AzuuRa Mi R
Correction : Deathmortus, Thoanny